Aile universelle - Aide à l’Individu pour la Liberté et l’Evolution

Mission au Burkina Faso

Accueillie par Pierre Charron, j’ai tout d’abord séjourné à Ouadagoudou dans une jagrti, c’est à dire un Centre de Yoga de l’organisation internationale Ananda Marga, dont l’ONG burkinabé, AMURT Burkina Faso, œuvre sur le plan socio-économique durable et humanitaire.

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L’entrée-véranda de l’ONG Amurt Burkina Faso

Là, j’ai découvert le terrain que Michel Vrézil, feu un ami catalan de longue date et moine yogi connu au Burkina depuis son arrivée en 1985 sous le nom de Dada Rudreshvarananda, avait acheté en 2005. Ce terrain d’à peu près 1000 m2 se situe dans un nouveau quartier qui regroupe les ministères et les ONG. Il avait réuni les fonds début 2006 pour construire le mur d’enceinte donnant sur la rue principale, mais disparut tragiquement le 27 mai 2006 dans un accident d’avion il n’a pas pu finaliser ce projet ainsi que d’autres, d’ailleurs, qu’il laissa orphelins.

Quand Pierre Charron (également moine yogi, connu sous le nom de Dada Padmeshananda) a repris les rênes d’AMURT Burkina Faso en 2008, il s’ est donné pour tâche de réinitialiser les programmes d’aide de Michel et développer un Centre de Yoga sur ce terrain, perpétuant ainsi le projet initial. Aujourd’hui, en 2015, c’est d’une main de maître que Pierre Charron gère tous ces projets anciens et d’autres nouveaux, soutenu par divers collaborateurs.

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Pierre Charron à droite avec son ami Jean Pierre

Ainsi, il a fait construire sur ce terrain une jolie maison où il a créé un Centre de Yoga. Disposant de chambres d’hôtes, il peut non seulement y recevoir des adeptes du yoga (des margis ou des homologues) mais aussi des partenaires burkinabés ou bien des volontaires venus du monde entier pour aider aux divers projets humanistes au profit de la population locale. C’est un Centre très vivant, calme et reposant où une ambiance conviviale règne en permanence, rythmée par d’agréables visites.

BISSIRI - UN EXEMPLE REUSSI D’ENTREPRENARIAT SOCIAL DE PRODUCTION RURALE INTEGREE

Situé à 50 kms au sud de la capitale, nous nous rendons à Bissiri, après avoir emprunté une route goudronnée jusqu’à Kombissiri puis la piste chaotique en pleine brousse, au milieu des baobabs, dépaysement total ! Nous sommes reçus par les responsables des lieux, Kabore Rasmani et sa femme Aguiarra, visitons la ferme agro-écologique, dont les techniques de production s’inspirent des techniques d’agriculture raisonnée et naturelle prodiguée par Pierre Rabhi, c’est d’ailleurs un de ses collaborateurs qui forma le staff de Bissiri. Par conséquent, nous nous retrouvons dans une exploitation pilote, elle est située sur un terrain de 3 hectares que Rasmani dirige en tant que contremaître depuis 1995. Des cultures maraîchères y sont planifiées mais aussi des cultures de papaye et surtout un programme de culture et transformation de moringa, qui est le fer de lance de l’exploitation.

L’EXPLOITATION AGROECOLOGIQUE

Le but étant de donner de l’emploi aux villageois, la communauté comporte 3 bâtiments, dont 1 contenant 5 familles travaillant sur le Centre, et un bâtiment de stockage et de transformation. Ces diverses activités impliquent l’emploi d’une main d’œuvre locale, d’où le terme production rurale intégrée, chacun est rémunéré pour le travail de récolte et de transformation du moringa. C’est surtout la tisane de moringa et la poudre de moringa qui y sont produits, transformés et conditionnés dans des emballages étudiés avec soin, vendus surtout sur le marché local et à l’export, sur des petits circuits confidentiels.

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Récolte de Moringa à Bissiri

LE COLLEGE

Depuis l’an dernier, et à l’initiative de Pierre Charron, non loin de la ferme, un collège a vu le jour. Il s’agit du collège Nong Bzanga, financé par AMURT Italie. Il consiste en 4 classes, dont la 6ème où 93 élèves sont déjà inscrits et la 5ème avec 23 élèves La 4ème et 3ème seront opérationnelles petit à petit. Des parrainages sont proposés à tous, ce qui permet bien évidemment aux enfants de suivre une scolarité et d’évoluer dans la société, surtout pour les filles qui sans cela deviennent femmes au foyer très jeunes « affublées » d’enfants à élever.

Aile Universelle a deux filleuls que j’ai eu la chance de rencontrer : Rihanatou qui est la fille d’un chef de village et qui est la 1ère de sa classe et Bassirou, qui a 10,68 de moyenne !!

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Le collège Nong Bzanga

Dans cette communauté, lieu où Michel Vrézil s’était installé dès 1995, d’autres projets hormis la ferme agro écologique ont été développés, notamment un petit centre de santé où une infirmière et un aide-soignant reçoivent les gens en consultation et leur distribuent des médicaments basiques. A côté, on peut découvrir une nouvelle salle où l’on peut hospitaliser les plus nécessiteux durant quelques jours de convalescence.

PROGRAMMES DE DEVELOPPEMENT DURABLE A DEOU

Le clou du voyage fut notre déplacement dans le Nord du pays, au-delà de Dori, dans l’Oudalan, dans les villes de Gorom Gorom, au village de Gountawala et surtout à Deou, village au fin fond du Sahel où Michel Vrézil avait décidé d’aider les villageois coûte que coûte. Sur le chemin il nous a fallu montrer notre ordre de mission officiel à chaque village et nous signaler auprès des autorités locales. En effet cette zone située en zone orange (critères de mise sous sécurité de l’état français pour les territoires étrangers) nous obligeait à cela. Nos déplacements furent ainsi limités et nous n’avons pu visiter tous les villages aidés par nos programmes.

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Les mères venant consulter l’agent de santé

PROGRAMME MATERNITE A MOINDRE RISQUE.

Projet auquel a largement contribué Michel Vrézil, c’est en 2008 que Pierre Charron s’est attelé à reprendre ce programme d’aide auprès des jeunes filles et femmes enceintes qui se veut être un programme de suivi médicalisé avant et après l’accouchement afin de limiter la mortalité en couches de l’enfant et de la mère. Ainsi, des Accoucheuses Villageoises (AV) sont formées pour suivre les femmes, en échange de quoi elles reçoivent un sac de mil chaque année. Elles sont au nombre de 33 réparties dans 30 villages. En partenariat avec l’Etat, un agent de santé (sage-femme) passe chaque mois dans les villages principaux pour un contrôle plus approfondi, accompagné d’un collaborateur de la première heure à savoir le beau Numéro 1 (Mohamado) qui seconde les directeurs de projets d’AMURT depuis les débuts.

En plus de notre participation à la logistique de ce programme, des seaux, des lampes, du mil ainsi que 15 charrettes-ambulances pour transporter les malades au Dispensaire d’Etat le plus proche en cas de problèmes, ont été fournis par AMURT et Aile Universelle avec la collaboration de Mme Vrézil, la maman de Michel, avec qui nous sommes toujours en contact.

HOPITAL DE DEOU

Une visite a été faite au Centre de Santé de Déou, construit par Michel Vrézil en 1986, constitué d’une clinique, d’une grande salle de réunion, d’une résidence pour le docteur et d’une aile avec 4 salles de 6 lits chacune. C’est également un lieu d’accueil des femmes enceintes pour les visites ou les accouchements.

Michelle BEGHIN, janvier 2015